dimanche 11 juillet 2010

Belfast, ça arrive près de chez nous

Aujourd'hui, point de rigolade dans mon discours, je tiens à ce que le texte ci-dessous soit plus pris sur le ton d'un reportage que d'un banal article.
J'ai déjà vu de la pauvreté, de la misère, de la souffrance, de la mort. Je savais que, ce que j'ai vu aujourd'hui existait dans d'autres pays, mais pour moi, Belfast, c'était du passé. Loin de là.
Je me balade donc dans les Falls, quartier catholique de Belfast. Je savais qu'il y avait encore des fresques sur la lutte catholique-protestant, mais le fait de les voir de ses propres yeux, c'est autre chose. Ce n'est pas juste de simples fresques laissées à l'abandon. Non, elles sont repeintes régulièrement pour prévenir et surtout rappeler que le combat n'est pas finit.
Lors de cette balade, je tombe sur un mur, pas le mur basique que tout le monde pourrait mettre entre deux propriétés, mais sur un mur qui sépare les catholiques des protestants et vice-versa. J'ai du mal à y croire au début, mais au fur et à mesure de la journée et des fresques que je verrai, ça va me prendre de plus en plus aux tripes. Certes il y a 2 portes, qui permettent de passer d'un quartier à l'autre en toute impunité, mais à la moindre échauffourée, elles sont fermées. On parle du mur à Gaza, du mur à la frontière Mexique-USA.... Mais on ne parle plus de ce mur à Belfast, ou bien peut être suis je trop décalé.
On dit aussi que l'habit ne fait pas le moine (on va parler ici de coupe de cheveux), mais dans le quartier catholique, j'ai quelques regards de travers qui s'efface rapidement quand il me voit de plus près avec mon air de touriste. C'est une fois arrivé dans le quartier de Santhill (le quartier de l'autre coté du mur, donc protestant) que je comprends mieux le regard des catholiques. Là aussi, les peintures murales montrent leur fierté du combat, les différentes « milices » ayant leurs propres peintures. Seul 10m et un mur séparent les quartiers, mais ici, cela nous donne l'impression d'arriver dans un ghetto. Certes, la rue principale est présentable, mais les habitations proche du mur sont abandonnées ou en mauvais états. C'était aussi le cas dans le quartier du Falls avant mais ils essaient de rénover au maximum ce quartier qui était un des quartiers pauvres de Belfast. Sur le retour vers le mur et donc le quartier catholique, j'aperçois des personnes qui finalise la préparation d'un « bonfires » pour ce soir. La première fois que j'étais passé devant, je n'avais pas compris la signification de ce tas de palettes et de pneus d'une hauteur d'une douzaine de mètres. Maintenant oui. Ils sont en phase d'installation finale, c'est à dire qu'il place le drapeau de l'Irlande au sommet ainsi que plusieurs maillots du celtic de Glasgow (Ecosse), «équipe représentante du catholicisme (alors que les glasgow rangers, l'autre équipe de Glasgow, sont les fidèles représentants du protestantisme). A ma vue, je suis cordialement invité à rentrer dans la zone du bonfire et aussi à venir ce soir à minuit (donc le 12 juillet) pour le voir s'embraser. Problème, ce soir, les portes du mur seront fermées, ça ferait faire un grand tour pour venir ici. Certes, ce n'est que de la provocation, mais ici, on sent de la vraie révolte dans ce mouvement.
Quand je repasse dans le quartier catholique, j'aperçois de nouvelles fresque précisant que la lutte n'est, ici aussi, pas finie.
Que ce soit le quartier protestant ou catholique, on tombe aussi souvent sur des mémoriaux à l'honneur des personnes tuées pour la liberté de leur « peuple ».
Je tiens à préciser que tout Belfast n'est pas comme ça, ce n'est qu'un quartier, mais que, si cette partie s'embrase, c'est toute la ville qui risque de repartir en conflit.
Mais je trouve dommage, que de nos temps, la religion mène encore aux combats.

Après cette balade, je croise un gars déjà vu sur Galway. On fera la finale de coupe du monde ensemble, évidemment, dans un pub.
La finale jouée, on est évidemment convié à assister à un bonfire (celui-ci est au coeur de Belfast), ce qui ne se refuse pas, c'est le moment de voir ce qui se passe ici, je n'aurai peut être plus l'occasion d'assister à ceci.
Là ou je suis, l'ambiance est cordiale, ce qui n'est peut être pas le cas partout dans la ville. Dans la foule, je croise et discute avec une australienne, son effroi, par rapport à la situation actuelle dans la ville, se voit même sur son visage, elle est choquée par ce qui se passe, je la comprends

Mon « reportage » ne vous a peut être pas convaincu et ne montre peut être pas tout ce que je ressens, mais je vous promets que je n'ai jamais été aussi mal à l'aise face à des humains. Et maintenant, pour moi, plus jamais, je ne pourrai dire que le 12 juillet, c'est juste la victoire de France en coupe du monde, maintenant, ça passe au second plan.



Le mur avec ses "magnifiques" grillages de protection sur les maisons

Un des mémoriaux


Une des "milices" protestatntes




Un "suoer beau" bonfire en préparation




1 commentaire:

  1. Salut Ronan,

    Ca fait plaisir de revoir ces quartiers de Belfast où j'ai passé 2 ans.

    Et effectivement, les dates du 12,13,14 juillet ne sont jamais les meilleures journées pour visiter l'Irlande du Nord.

    La situation semble s'être apaisée, mais quand j'y vivais cela donnait lieu à une bataille rangée entre catholiques et protestants... Un vraie guerre civile où nous congélions le pain et le lait ...

    Je te souhaite bon voyage

    Stéphane Ducrocq

    RépondreSupprimer